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Regard Oblique

mercredi, mai 4 2011

Suivre la situation au Japon

4 05 2011

Veuillez trouver ci-dessous une liste de sites non journalistiques (donc à priori plus objectifs) sur la situation au Japon.

Radioactivité


Sismicité

Journaux, communiqués de presse

Solidarité, ONG


samedi, avril 16 2011

Radioprotection par l'IRSN

16 04 2011

Je suis allé hier à une réunion d'information à l'ambassade de France sur la "Radioactivité et la radio protection" réalisée par Olivier Isnard de l'IRSN.
Ressorti plutôt confiant et ayant posé autant de questions que je le désirais, voici mes quelques notes qui je suppose pourront être utiles aux autres français vivant au Japon (ou rassurant pour la famille).

Les slides de la présentation

radioprotection.jpg
  • Mesures, comprendre
    • Le Becquerel est la quantité physique de matière radioactive.
    • Le Gray est une mesure d'énergie délivrée par la matière radioactive.
    • Le Sievert est l'énergie reçue par le corps de cette matière radioactive.
    • Les mesures préventives (données par exemple par l'IRSN) sont calculées pour une dose de radiation pour un enfant (le plus sujet aux radiations) pendant un an, mangeant un repas équilibre et varié tous les jours.
    • 1 Gray = 1 Sievert.
    • Le Becquerel est une très petite quantité donc est toujours exprimée en très grosses unités (ex: corps humain produisant 8000 Bq).
    • Le Gray et le Sievert sont de très grandes unités donc elles sont tout le temps mesurées en très petites quantités (ex: le vol Paris-Tokyo génère 10 nano Sv / 12h).
    • Le bruit de fond naturel (rayonnement cosmique et tellurique) est de quelques mm Sv/an. Un rayonnement de 150 nano Sv / h est donc très élevé.
  • Effet de la radioactivité sur le corps et voies d'exposition
    • La radioactivité est comme un tatouage, elle n'est pas assimilée par le corps et reste à vie.
    • La dose admissible d'absorption par personne est de 1 mSv/an soit 0,114 uSv/h. Il convient d'ajouter à ça le bruit de fond que j'ai mesuré au fin fond de la ligne de métro Oedo à environ 0,04 uSv/h. En conclusion, la mesure totale à ne pas dépasser est ~0,15 uS/h.
    • Une radioactivité dans l'’environnent de moins de 0,3 uSv/h est considérée comme naturelle.
    • Une radioactivité absorbée de 1 Sv génère un cancer. Au delà de 5 Sv en une seule fois, c'est la mort immédiate.
    • Voies d'expositions
      • Externe (pluie, poussière, etc.).
      • Interne - inhalation : 2 a 5 fois plus impactante que l'externe.
      • Interne - ingestion : 10 a 50 fois plus impactante que l'externe.
  • Radioactivité émise par la centrale
    • Composée de plus de 70 éléments, pas tous dangereux.
    • Chaque élément meurt peu à peu et son temps de désagrégation est compt" en demi-vie.
    • Eléments à suivre:
      • Iode 131 dont la demi-vie est de 8 jours et est particulièrement dangereux pour la thyroïde. Aujourd'hui on peut considérer que pour les premières radiations il a perdu 80% de sa puissance (1 mois = 4 périodes de demi vie : 100 / 2 / 2 / 2 = 12.5 % de puissance restante).
      • Iode 137 dont la demi-vie est de 2 ans.
      • etc.
  • Evolution de la radioactivité dans la chaine alimentaire:
    • La radioactivité s'est propagée d'abord dans l'air avec le nuage radioactif et s'est déposée comme de la poussière sur les végétaux. C'est pourquoi il est recommandé de ne pas manger les légumes à feuilles des préfectures avoisinant la centrale.
    • Du fait des relâchement dans l'eau de mer, elle se propage maintenant dans le milieu liquide (à moindre vitesse, elle parcourra la distance qu'a fait le nuage en plus d'un an) et se dilue peu a peu. Elle contamine le milieu aquatique et donc les poissons. Il faut d'ores et déjà surveiller la provenance de la nourriture marine (et éviter en particulier les coquillages).
    • Enfin, la radioactivité va être détectée dans les viandes car les végétaux irradiés sont aujourd'hui consommés par les animaux. Il faudra faire attention très prochainement à cette partie de notre alimentation.
  • Processus de fonctionnement normal d'une centrale
    • Démarrage : 4 barreaux de combustibles sont mis dans le réacteurs au début de la construction. Chaque année et en rotation, l'un d'entre eux est retiré et placé dans la piscine extérieure pour retraitement. La piscine sert à les refroidir pour arrêter la réaction nucléaire.
    • Fonctionnement normal : La réaction nucléaire des barreaux est contrôlée par de l'eau qui, en circuit fermé, refroidit le coeur du réacteur. Une injection d'azote régulière est réalisée pour stabiliser les gaz présents dans le coeur.
    • Procédure d'arrêt normal : Dans le cas d'un arrêt correct de la centrale, les barreaux sont donc placés dans la piscine pour refroidissement, le réacteur étant de ce fait arrêté (plus de combustible présent).
  • Chronologie des événements sur la centrale
    • Le tsunami a touché la structure de la centrale, le circuit de refroidissement du réacteur a été touché et s'est arrêté de fonctionner.
    • Le circuit de refroidissement de secours a fonctionné mais quelques heures uniquement.
    • Plusieurs réacteurs (2 et 3) se trouvant sans eau ont vu leur combustible non contrôlé mis à l'air libre (dans l'enceinte du réacteur) s'emballer et émettre différents gaz.
    • Les autorités japonaises ont voulu faire descendre la pression de manière contrôlée dans les réacteurs et ont "dégazé" à plusieurs reprises les premiers jours. Néanmoins, les gaz émis par la réaction entrant au contact de l'air ont fait exploser la structure externe. Il semblerait aussi que la structure interne (réacteur) soit maintenant complètement poreuse car il y a la même pression a l'intérieur et l'extérieur des bâtiments.
    • Les piscines de retraitement se sont à leur tour vidées peu à peu (évaporation de l'eau ?) et ont vu le combustible se retrouver à l'air libre. Ce combustible, à l'air libre dégage énormément de radioactivité.
    • Le combustible des réacteurs 1 et 2 a fondu et s'est transformé en corium.
    • Pour pouvoir reprendre le contrôle et donc refroidir le combustible, Tepco a du asperger une énorme quantité d'eau sur les bâtiments. Cette eau a d'abord été celle de la mer puis de l'eau douce. Il y a maintenant 40 tonnes de sel dans les bâtiments et le circuit n'étant pas fermé, les bâtiments sont complètement inondés avec de l'eau hautement radioactive.
  • Quel était le risque encouru quand les autorités françaises ont donné à leurs ressortissant le conseil de partir vers le Sud ?
    • Les explosions successives des réacteurs prédites par les français ont prouvé l'inefficacité des actions menées par les japonais, ceci malgré les conseils avisés de la France en la matière. La France avait apparemment anticipé nombre de problèmes à venir résultant des actions des japonais mais n'a pas été écoutée en début de crise.
    • Les actions menées au début de la catastrophe étaient dérisoires en regard des évènements. Par exemple utiliser de l'eau de mer héliportée alors qu'il fallait un débit énorme pour refroidir les coeurs.
    • Les piscines se vidant peu à peu ont été le facteur déclencheur de la décision. La perte d'une piscine (c'est-à-dire un assèchement de l'une d'elle) aurait été la perte du site car cette dernière aurait généré une radioactivité de plus de 100 Sv / h, radioactivité qui tue instantanément et qui aurait empêché quiconque de se rapprocher du site pour pouvoir arrêter la réaction en chaine.
  • Situation de la centrale aujourd'hui
    • La situation est toujours précaire mais stable.
    • Les émissions atmosphériques sont estimées terminées au 21/22 mars dernier. Il s'agissait des dégazages volontaires. Il n'y aurait plus d'émission aujourd'hui car les éléments sont sous eau.
    • Les émissions liquides se poursuivent en mer.
    • La mise au niveau 7 sur l'échelle des accidents nucléaires s'est fait tard (pour des raisons politiques !!!) mais est normale.
    • Par réacteur :
      • Réacteur 1 : En cours d'arrêt, coeur étanche. Le plus préoccupant finalement car il y a un risque d'explosion possible (très peu probable malgré tout). Il est injecté de l'azote pour éviter l'explosion
      • Réacteurs 2 et 3 : En mauvais état, toits soufflés par des explosions et coeurs non étanches. Matériel radioactif fusionné et donc transformé en corium. En cours de refroidissement.
      •  
      • Réacteur 4 : A l'arrêt, barreaux de combustibles dans la piscine située a 25 m du sol. Peu préoccupant si la piscine ne se vide pas.
    • Les fumées noires vues ces derniers jours semblent être dues à la fusion de pompe ou autre matériel - non préoccupant. Les chercheurs ont eu peur au début que ce soit le corium traversant le béton des réacteurs 2 et 3, mais ceci aurait créé une violente explosion (le corium et le béton en contact sont hautement explosifs).
  • Vue sur la suite du "démantèlement"
    • L'objectif premier est de créer un circuit fermé pour que l'eau injectée pour refroidir les réacteurs ne s'écoule pas partout (y compris dans les salles des machines).
    • Il faudra ensuite pomper cette eau hautement radioactive pour accéder au site.
    • L'IRSN pense qu'il restera ensuite de la boue encore plus radioactive dans le fond de la structure qui empêchera le travail des hommes.
    • Pour pouvoir travailler, il est possible que Tepco doive installer des murailles en béton pour isoler les travailleurs des radiations.
  • Danger pour Tokyo et protection
    • D'après le chercheur, même si le pire arrivait a Fukushima aujourd'hui avec des vents orientés vers Tokyo, il n'y aurait pas de danger pour la ville et ses habitants.
    • Pour se protéger, prendre UNIQUEMENT QUAND LES AUTORITES LE DEMANDERONT une pastille d'iode (à toujours avoir sur soi, disponible à l'ambassade), 6h à 1h avant l'arrivée du nuage.
    • Une mise a l'abris pourra être demandée (mais n'est efficace au mieux que 24h - en considérant une maison avec des murs en béton très épais) ou une mise en confinement (efficace 48h)... autant dire qu'il sera mieux à ce moment de prendre un vol A/R vers une contrée éloignée le temps que le nuage passe.

jeudi, avril 14 2011

La tragédie expliquée, à l'américaine

14 04 2011

Pour ceux qui seraient intéressé par une explication sur le séisme du 11 Avril 2011 et ses conséquences, ainsi que de se faire une idée de ce qu'on vécu les japonais, voici 40 minutes de vidéo instructive et rassurante...

jeudi, avril 7 2011

Shake it baby

7 04 2011

Petite dédicace dans le titre à Antoine qui m'avait envoyé un mail similaire au premier tremblement de terre.

Post rapide aujourd'hui pour annoncer mon retour à Tokyo depuis quelques heures. Retour sans trop d'encombre si on ne compte pas le vol agité et l'atterrissage en dérapage de l'avion... j'aime de plus en plus voler.
Premières impressions mitigés à l'aéroport car totalement vide, et sensation d'autant plus frappante au moment du choix "correspondance vs. exit" ou 98% de l'avion repart vers Atlanta. Seul gaijin (étranger) c'est sûr, et au passage à la douane (que je n'ai jamais passé aussi vite) je tends mon passeport comme si je donnais mon autorisation de partir (comprendre rentrer ici) au front.

La vie à repris son court ici et rien ne semble transparaitre au premier regard des évènements subits ces derniers temps. Shinjuku est bondé d'une foule des beaux jours, les cerisiers près de la maison sont en fleurs, et en allant ce soir manger à la pizzeria c'est cette ambiance de printemps chaud que je retrouve aux coins des rues en voyant ces bandes d'enfant joyeux sortir de l'école.

Retour à cette vie tranquille donc que les japonais chérissent tant ?

En fait non, le bonheur fut de courte durée, même pas le temps de s'assagir une seule soirée (j'avais décidé de ne refaire mon sac à dos de survie que demain dans la journée), nouveau tremblement de terre il y a quelques minutes, 7.4 sur l'échelle de Richter, le plus fort qu'on ai eu depuis ces dernières 3 semaines.

J'en profite pour donner un lien de monitoring des tremblements de terre.

Today earthquake

Retour en matière sympa vous ne trouvez pas ?
Je conclurais en quelques mots... "j'ai toujours de la chance".

lundi, mars 28 2011

Singapore, semaine 3

28 03 2011

Deux semaines aujourd'hui que nous sommes arrivés à Singapore.

Fumi avait un avion à 1h ce matin pour Nagoya mais elle a attrapé une gastro fulgurante qui l'a cloué juste avant de prendre le taxi pour l'aéroport. Heureusement en fait, je ne vois pas comment elle aurait pu faire 7h de vol plus les 3h de transport nécessaires pour rentrer chez elle dans cet état et chargée comme elle l'est (elle rapporte des vivres en quantité). Ca lui laisse aussi un jour de répit pour retourner dans l'incertitude nucléaire, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Pour ma part, je n'ai toujours pas décidé de ma date de retour à Tokyo. Rien ne presse vraiment à vrai dire, et je peux continuer ma vie ici pour le moment. Malgré tout beaucoup de questions me taraudent sur notre avenir proche ou lointain. "Rester à Singapour ou rentrer en France ? Combien de temps rester si tel est le cas ? Quand envisager le retour au Japon ? Dépendant de la reprise du travail de Fumi le 3 Avril, de mes avancées ici ou tout simplement de la situation nucléaire qui semble de plus en plus s'embourber et qui pourtant n'inquiète personne, en tout cas pas au Japon ?". Il faudra de toute manière rentrer pour un éventuel déménagement (le 4e de Fumi en 3 mois) prévu en deux phases : envoi des choses importantes et non essentielles à la survie chez les parents de Fumi plus au Sud de Tokyo à Hamamatsu, puis peut-être du reste au moment opportun (ou non si jugé trop dangereux). Il faudra aussi répondre présent au travail si le retour est nécessaire, situation qui nous forcerait à vivre sur la brèche encore longtemps (des mois, des années ?) à en croire les journaux étrangers.

Ces journaux d'ailleurs se font de plus en plus rares et sont de plus en plus pessimistes. De fait, et aussi parce que l'on a réussi à relâcher la pression ces derniers jours, Fumi et moi avons freiné le rythme des lectures des informations. Bizarrement, on se sent rassuré, un peu comme dans l'expérience ou l'on mettrait des grenouilles dans 2 casseroles d'eau sur le feu, l'une déjà bouillante, l'autre chauffante à partir d'une température ambiante. La grenouille plongée dans l'eau bouillante aurait tout de suite une réaction de survie et chercherait à sauter en dehors de la casserole. Nous, à contrario, sommes comme l'autre grenouille, les problèmes de la centrale vont en évoluant vers le pire mais nous ne savons en apprécier la dangerosité et ni déceler le point de non retour. Les autorités Japonaises aident aussi beaucoup à la tâche ; quand au début des évènements les allocutions télévisées des officiels étaient fréquentes (plusieurs par jour), il n'existe aujourd'hui plus que NHK qui diffuse en boucle le peu d'information disponible. On suit les conseils de l'ambassade de France qui à aussi ralenti le rythme des communications, mais que je crois être toujours notre meilleure source. Le plus dur dans ce peu d'information maintenant est de comprendre le vrai du faux, de faire le tri entre la nouvelle fraîche et l'ancienne savamment ressassée par les journalistes et souvent envoyée par les proches mal informés.

Nos amis Français, Loïc et Vincent, sont rentrés sous la pression de la hiérarchie. Ils ont donc repris leur poste comme à l'habitude, avec une nouvelle étiquette collée à tout jamais sur le front, celle du "Gaijin" (étranger) remplacée par celle du "Flyjin", nouveau mot inventé pour la circonstance désignant les personnes qui n'ont pas été solidaires et ont fuit le pays. Je suis d'avance anxieux pour Fumi qui aura d'ici quelque jours à affronter le regard inquisiteur de ses collègues. Du côté de nos amis Japonais je ne sais ce qu'ils pensent pour l'instant, mais pressens d'ors et déjà un froid entre nous.

La vie à Tokyo (information données par mes amis) semble avoir repris son court comme à l'habitude (chose dont je ne doute pas puisque j'ai été témoin de scènes complètement surréalistes après le tremblement de terre), seuls les rationnements d'eau, les coupures de courant organisées et les quelques répliques sismiques rappellent à la précarité de la situation, mais convaincu que les japonais s'empressent d'oublier ces détails pour continuer à vivre leur vie de tous les jours à laquelle ils s'accrochent avec une foi qui force l'admiration.

Dessin pour soutenir les Japonais, site: http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/album/dessins-japon/slides/Japon+by+alison+morel.html

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