Et non, le post précédent n'était en fait pas fini.
Ce n'était pas prévu, mais pour faire un peu plus vrai et remonter la cote de mon quartier au tabloïd noir de la violence et du crime, est arrivé un fait divers la semaine dernière qui, me suis-je dis, pourrait faire sensation.

Cette fois je ne rentrais pas du boulot mais d'un weekend sympathique passé à Boston puis Cape Cod en compagnie de mon cousin Dadoo et de mon coloc à flegme anglais du Colorado, j’ai nommé Scott (pour l’anecdote, avait appris de nos bouches que les cacahuètes n'étaient pas bonnes pour la santé, lui qui avait investit en masse pour ce voyage). Nous venions de rater la sortie du Washington Bridge et avions l'agenda serré de touristes en mal de rendre leur voiture à l'opposé de la ville dans l'heure qui suivait.
Passant par Harlem, l'idée était de déposer Scott (qui peu a peu avait perdu son flegme et trépignait avec calme en rêvant, je suis sûr, à sa future commande de pizza) avec les bagages à la maison, et continuer ensuite en version rallye (alias conduite taxi new-yorkais) jusque dans le sud de Manhattan pour se débarrasser de l'engin.
Cette fois, et comme de temps en temps, l’atmosphère n’était pas au beau fixe. Le quartier semblait agité par un je ne sais quoi qui lui confère cette ambiance étrange recherchée par tous les réalisateurs de films policier (comme quoi finalement, Law & Orders ne s’était pas trompé). Des barrages routiers dressés tout autour du quartier, des ‘cops’ en alerte patrouillant en voiture tout gyrophare dehors (mais sans sirène), plusieurs hélico de la NYPD éclairant à coup de lampe de DCA les blocs du quartier, des bandes de jeunes regroupés de telle sorte que n’importe quelle personne étrangère aux lieux aurait déjà, de peur, pris les jambes à son cou. Peu engageant.

Helico 01
J’avais déjà plusieurs fois du changer mon parcours en rentrant chez moi afin d’éviter les dégâts collatéraux de rixes entre gros molosses (en même temps, du point de vue d’un ‘skiny boy’ français que je suis, tous les américains et encore plus ceux d’Harlem sont des armoire à glaces), mais je n’avais jamais eu la sensation d’être impliqué directement dans la scène de crime.

Les affaires débarquées, Scott autoproclamé enfermé dans sa chambre et pas disposé à nous accompagner, nous avons foncé en direction du Sud, évitant les barrages tout en tentant de s’en rapprocher au maximum, touristes paparazzi oblige.
Pas mécontent de moi même en fait. Ces longs mois passés à arpenter la ville à pied ou en taxi m’avaient conféré la connaissance, l’habilité... et la dangerosité d’un cab new-yorkais (manque plus que la fourberie et je crois que je suis prêt à passer ma licence). Arrimage au garage réussi à la minute près, lutte fortuite contre l’énervement de l’hôtesse qui voulait finir sa journée, mission accomplie.
Au retour les hélicos faisaient toujours des ronds. Les groupes de jeunes dont les formes patibulaires nous avaient quelque peu effrayé étaient toujours là, en fait incrédules face au spectacle (et non, n’insultant pas la police puisqu’ici elle est respectée). Le sommeil nous emporta dans nos rêves (pas Marie mon autre coloc dont la chambre donne malheureusement sur la rue et donc le bruit) de séries policières dont les scénario ne donne la réponse qu’au prochain épisode…

Helico 02
Le prochain épisode ce fut des brèves dans les journaux et surtout une discussion avec un policier qui patrouillait (pas seul, plusieurs escouades) afin de trouver des indices sur le carnage. Carnage, c’était le mot. La justification d’un tel déploiement de forces tenait uniquement dans un BBQ ayant dégénéré. Le dimanche précédent, des jeunes avait été arrachés à leur casse-croute pour cause de fermeture du parc où ils étaient. Le retour à la maison les ayant échauffé, l’un d’eux avait tout simplement ouvert le feu et shooté dans le tas. De la 125th à la 128th street sur Lenox Avenue, 30 minutes avant notre arrivée, s’était donc couchés 8 jeunes âgés entre 13 et 16 ans (www.nytimes.com). Le tueur, à l’heure qu’il est, est toujours recherché.

Voilà la vie d’Harlem telle qu’elle est rarement, heureusement. Les gens sont pour beaucoup armés paraît-il (je me souviens par exemple d’une voiture banalisée ayant arrêté un jeune au coin de ma rue, qui, mains derrière la tête laissait entrevoir un énorme flingue caché dans son short) mais le quartier respire malgré tout la sérénité.
Ambivalent me direz vous ? Je résumerais juste le tout en citant ma proprio : ‘Les gens sont cool à Harlem, juste savoir qu’un jour, s’il y a un problème, ca peut devenir très sérieux’.

Toujours envie de venir me voir ? ;-)
Pour moi en tout cas rien a changé, mon quartier, je l’adore.