Histoire courte aujourd'hui au rayon des banalités de la vie Nippone, j'ai nommé le yen.

Car ici, je compte en yen, ou plutôt j'essaie depuis les presque neuf mois où je suis arrivé. Résistant à une nouvelle monnaie, overdose d'euros et de dollars, peut-être. Cerveau pas prêt à passer à l'ancien franc, certainement. Le yen est fort mais à deux zéros en trop, zéros qui ne rentrent pas dans mon arithmétique. Là où je payais 5 euros le menu jambon beurre, je paye maintenant 500 yens pour un bol de ramens. Facile ? Pas tant que ça, en particulier quand ça arrive dans les multiples de 10000, car au pays du soleil levant, le séparateur est placé tous les 4 zéros et non 3. Petit cours de japonais pour vous faire un dessin: 10 se dit "ju", 100 "hyaku", 1000 "cen" (remarquez au passage la confusion avec le cent français), et enfin 10000 "man" et non "ju cen" comme on serait tente de le dire. Ajoutez à ça un taux de change dollars-yen à 2 zéros (je compte dans mon ancienne monnaie quand ça m'arrange), et vous comprenez mon désarroi quand un collègue japonais me demande combien j'ai payé mon billet d'avion.

100 yen coin

Bref, heureusement ce n'est pas tous les jours que j'atteins des sommes dépassant les 10000 yens.
La vie japonaise est malgré tout très chère et pour dresser un tableau de ces dépenses importantes, je citerais dans l'ordre le logement, les transport, l'habillement et la nourriture, le reste étant à peu près raisonnable. Il en reste peu ? C'est vrai, et en ces temps de crise, au Japon comme en France on a du mal à faire face. J'imagine donc que les nouveaux appartements construits tendent vers la boite à chaussure version mini et de plus en plus loin de Tokyo (ce qui ne va pas aider les "salary mens" à se réveiller dans le métro), les ventes dans les magasins sont parait-il en chute libre (la je cherche encore car la frénésie du shopping est sans commune mesure avec ce que que connaissais jusqu'ici), et le japonais moyen tenterais de rentabiliser ses soirées beuverie en réduisant le nombre de bières (chose qui je suis sur n'est pas plus mal sachant qu'il roulent déjà sous la table à la première venue). Bref, c'est un peu morose côté économie, et même les combinis ("convinient store" prononcé à la japonaise) éprouvent des difficultés. Serait-ce un trop plein de "Irashaimase" (bienvenu) qui a contraint le Lawson de ma rue à fermer ses portes ou tout simplement la féroce concurrence?

Parmis les chanceux j'ai nomme le "Hyakuen shop" (traduire 100 yen magasin). Ici, on trouve de tout à 105 yens exactement (ajouter 5% de taxe) au point qu'il est devenu partie intégrante de la vie nippone. Celui de ma rue, même si austère et mal accueillant, m'a sauvé plusieurs fois la mise. Seau pour faire le ménage, balai télescopique à acheter en 2 morceaux à 100 yens chacun, éponges, mouchoirs, ramens desséchés, baguettes pour manger de bébé (non je n'ai pas encore rajeuni, je me suis juste trompé de taille) ou encore toutes ces choses mignonnes dont raffolent les japonais pour décorer le quotidien.
Ce matin j'ai la solution, le Lawson qui a fermé a en fait réouvert après transformation intégrale en un Lawson d'alimentation 100 yen ! La concurrence fait rage mais c'est pas demain la veille qu'ils m'auront comme client ! Je tente de soutenir Fumi dans sa révolte silencieuse et donc peu efficace, dans cette quête de bonne bouffe résumée à "payer plus cher pour manger mieux", même pour des produits identiques (on ne sais jamais ce qu'ils ont pu mettre dedans)...
Peut-être devrais-je lui apprendre le grand art français du piquet de grève?