Vacances en France (j’ai toujours rêvé de dire ça :-p) la semaine dernière. Ce fut court mais intense. Très heureux de retrouver les miens ainsi que mes amis… vous me manquez mine de rien. Fête, fête et encore fête donc. Conséquence évidente : lessivé moi yen a être. Par chance j’avais prévu le coup avec un vol arrivant à NYC à 14h : petite sieste, rangement et dodo tôt. Promis j’y ai cru. Heureusement qu’au bout de 25 ans je commence à me connaître :-(
16h, je suis déjà redescendu dans Central Park, rollers aux pieds. J’ai craqué. Delphine m’a pris par les sentiments : « Ok, bon, juste 1h alors ».
Content de l’avoir fait. Le printemps est enfin là, il fait chaud pour la saison (24°C), les arbres sont en fleurs et tout New York semble s’être donné rendez-vous sur les pelouses de son poumon vert.

Printemps dans Central Park

Ce dont je raffole ici c’est de la folie ambiante. Tout est permis ou presque et le regard d’autrui semble ne pas être (ou en tout cas ne freine pas la liberté d’expression). Je traque les petits bouts de vie qui représentent à mes yeux la culture d’ici. Cette femme tirant une carriole "SOS chien" ? Aucune idée. Elle est certainement seule à se motiver pour cette cause, mais pas de honte. On assume sans gêne l'affichage à l'arrache. Pas besoin d’avoir un coup dans le nez par exemple pour danser sur rollers autour d’un DJ installé sauvagement sur une place centrale du parc (pas besoin d’avoir 20 ans non plus d’ailleurs, certains en ont bien 70, idem dans mon club de hockey). Nul besoin non plus d’être en groupe pour arranger la foule, chacun exprime ce que bon lui semble, parfois c’est même déconcertant.
Ça va bien sûr de pair avec l’égoïsme ambiant (ce n’est pas le bon terme puisque négatif mais je n’en trouve pas d’autre), mais ceci est un autre débat.

Saving toutous

Passons aux choses sérieuses maintenant. Je parlais en titre de secourisme. Allons-y donc, comme en vrai, comme la stupeur d’un vélo catapulté dans la descente côté Harlem. Je n’ai pas bien réalisé ce qu’il se passait. Quelques images seulement, des chocs, un cri, un appel à l’aide. Je freine avec Antoine. Une cycliste est debout ; titubant, la mâchoire ensanglantée. Le vélo est dans un triste état, mais pas le temps de considérer la chose. Par terre gît une jeune femme. Elle est étendue sur le dos, perd du sang en grosse quantité à la tête. Mes notions de secourisme sont rudimentaires. On pense quand même à appeler le 911 dans la panique et là, tout s’enchaîne… ou aurait du tout au moins, suivant ma bête conception des situations d’urgence (en tout cas je n’était pas le seul à le penser). On bloque la tête victime, encore consciente et étrangement calme. Le premier ‘cop’ arrive dans un des fameux tricycles de Central Park. C’est pas un rapide ni une lumière, ce qui a le don de m’énerver. Première question débitée tout en sortant son carnet de contravention : qui a heurté l’autre ? Je garde mon calme. La marre de sang grossi et monsieur semble ignorer tout de la situation (je me demande avec le recul si le fait que la victime soit mexicaine n’a pas aidé à sa nonchalance). Une autre voiture de police arrive sirènes hurlantes, puis encore une. Un ‘medic kit’ est sorti, ouvert devant la victime, rangé à nouveau… « ha que comment qu’on fait pour se servir de ces machins blanc la ? » (traduire compresses). Une cycliste s’arrête et se déclare être médecin, le kit n’est pas rapporté.

Ça y est, je craque... tout en restant polis, on ne sait jamais avec ces cow-boys :
- "Le medic kit, vous pouvez pas le rapporter maintenant qu’il y a un médecin ??"
- "Le voilà ton medic kit !" me répond-t-il, main sur son revolver, l’autre me montrant l’ambulance qui venait enfin d’arriver, tentant de se faufiler au milieu des 4 voitures de police.

10 minutes seulement se sont écoulées mais ça m’a parut une éternité. 10 minutes et au moins 1 litre de sang par terre que nous aurions pu éviter si ces messieurs avaient eu des notions de secourisme basique et ne se prenaient pas pour les rois du monde !

On reste hébétés, on regarde la victime se faire embarquer, la cycliste et les témoins témoigner, tout en sachant que derrière tout ça ce ne sera qu’une question de business et de vie foutue en l’air pour des gens n’ayant pas d’assurance parce que trop chère.
Je rentre en roller tranquillement. Je ne regarde plus la route pareil et me sens bien nu sans casque.

Saving humans