Ca fait un peu plus deux mois que je suis arrivé maintenant.
Court pour l'apprenti Japonais que je suis, trop long pour le touriste que j'aimerai être, le tout simplement avide de découverte. J'ai donc tenté, dans la mesure du possible, de découvrir un peu du monde qui m'entoure. Je suis parti voir du pays les weekends et rentre maintenant d'un voyage dans le West Honshu... enfin le vrai Japon.
En "vrai Japon" j'entends par là celui qui nous est présenté dans les documentaires pro Nippons (j'en ai peu vu j'avoue) qui nous font rêver de cette contrée éloignée et de ses coutumes insolites. Pas celui donc que j'ai autour de moi, alias Tokyo, qui dans sa géniale exubérance ne laisse transparaitre aucune de ces images carte postale. C'était beau donc, avec une préférence notable pour l'île de Miyajima où nous avons passé le réveillon.

Miyajima

Retour à la case Tokyo donc, où je commençais à désespérer de ne pas avoir l'impression de baigner dans l'univers qui m'entoure. En fait uniquement la triste sensation d'être dans un parc d'attraction toute la journée (merci la mondialisation), nageant dans un océan de "chinoiseries" (désole pour l'expression, je n'ai trouvé que ca) et de délires japonais en tout genre.
A la place de ce "c'est pas si différent de chez nous" des premiers jours j'aurais aimé la claque magistrale de l'arrivée à NYC au milieu des buildings. Et mon remake personnel de "Lost in Translation", c'est pour quand ? Jamais ? En fait si, j'ai bien joué avec la lunette de mes toilettes de l'espace, découvert les restos où l'on mange pieds nus et par terre, pointé bêtement du doigt sans pouvoir le nommer l’objet que je souhaitais acheter, mais pas grand chose de brutal finalement. Le Japon serait donc, comme le disent les guides, à découvrir pas à pas, avec douceur.
Pas fait exprès aujourd'hui, mais je me suis trouve ma méthode personnelle de découverte violente comme recherchée... à force on va finir par me croire mazo.

Après une semaine de voyage dans des lieux plus tranquilles que Tokyo et un retour en urgence car malade, quoi de mieux que de se lever ce matin en me disant "il me faut un costume !". L'overdose de Japonais à tous niveaux (langue, nourriture, population) pointait déjà son nez après le Katsu Don de ce midi, j'étais loin de me douter de la suite.
Imaginez donc le petit français que je suis, armé de ses "word cards" (petite cartes assemblées par un anneau faites pour apprendre le Japonais) sur lequel j'avais noté les quelques mots dont j'aurais certainement besoin, au beau milieu de Shinjuku, un des temples sacrés de la consommation Tokyoïte. Et quand on parle de consommation ici on ne fait pas dans la dentelle. Je décrivais NYC comme excellant en la matière, que nenni ! Les Nippons sont des fashion victims ambulantes dont les besoins de nouveautés ne semblent jamais se rassasier. Ils ont du goût, énormément même, les français peuvent aller se rhabiller. Fort de ses considérations et de plus en plus convaincu que j’étais vêtu comme un sac (ou tout au moins sans originalité), j’ai déambulé dans les rayons afin de trouver mon bonheur, le moins original possible d'ailleurs puisqu'il s'agissait d'un costume.

Au Japon, je suis baraque ! Le 'M' américain n'est plus à ma taille, le 'L' non plus, il me faut une veste sortie de derrière les fagots. Le pantalon du ‘setto’ veste-pantalon lui, trop grand. Imaginez plutôt la situation en Japonais, langue dont je maitrise à la perfection uniquement les trois mots "Konichiwa" (Bonjour), "Hi" (Oui), "Sumimasen" (Excusez-moi), le reste écrit sur mes cartes. Ajoutez à ça un japonais, qui comme beaucoup ne parle pas un mot d'anglais, s'acharnant à me vendre un costume sur lequel j'ai juste jeté un coup d'œil - et à qui je n'ai su dire que je voulais une autre couleur. Multipliez le tout par 15 minutes d'essayage et de dialogue de sourd où je fais semblant de comprendre, tout en me demandant comment je pourrais lui demander de faire des retouches. Saupoudrez d'erreurs du type "marcher avec ses chaussures sur le tapis d'essayage" (sacrilège ici), et après un temps de cuisson finalement assez négligeable, vous obtenez une implosion cérébrale géniale...

Ca y est, je l'ai lost in Translation !!!

Note pour moi même: trouver d'abord un interpètre, ensuite le costume