Ca fait longtemps qu'il n'y a pas eu d'activité sur mon blog mais envie aujourd'hui de partager à vif un des événements les plus marquant de ma vie. A vif car cela c'est passé hier après-midi et rien n'est encore malheureusement fini.

14h37, Shinjuku West. Je me dirigeais vers l'entrée des lignes de train de cette fameuse gare, la plus grande du monde, tout en me faisant la réflexion que ces 800+ mètres de dédales sous les fondations de tout le business district était sacrément longue.

Vague pressentiment (le sent-on arriver?), ou simplement la petite phrase de Fumi qui 2 jours auparavant m'avait dit en regardant les nuages "il va y avoir un tremblement de terre", je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, en rentrant dans cette librairie en sous-sol, au milieu de ce long underpath, je me suis senti un peu enfermé.

Vertige, encore! Ce fut ma première pensée car ça m'arrive fréquemment. Mais en levant les yeux de mon magasine, c'est cet étrange regard de foule que j'ai connu quelques fois ici. Les Japonais d'ordinaire se figent et lentement, dans le calme, attendent que ça se passe en trouvant un éventuel abri. Cette fois c'est différent. Le figeage survient, pas un bruit, 10 s, les gens se dirigent tranquillement vers la sortie, 15 s, 20 s… C'est beaucoup trop long, et trop violent surtout. J'aperçois du coin de l'oeil les luminaires qui pendulent avec force, le faux plafond qui fait des vagues. Dans ma tête tout se passe en un éclair, pas le temps de vérifier si je fais bonne figure aux yeux du sacro saint "don't panic" nippon, je prends mes jambes à mon coup.

Je crois ne jamais avoir couru aussi vite. En fait je ne suis pas seul, le vent de panique a gagné la foule, du coin de l'oeil je vois une dame se réfugier au plus près d'un poteau de soutient de la structure. L'air libre semble ne jamais arriver et toujours ce mouvement souple du sol sous mes pas (comme si le bitume était monté sur un coussin d'eau mouvante, ou à la façon de fortes turbulences en avion) qui m'empêche de courir droit.

2 minutes, c'est environ le temps que j'ai mis pour retrouver l'air libre, pourtant le sol est toujours en mouvement. Devant moi une foule impressionnante est sortie de son calme Olympien. Quelques cris et ces regards braqués vers le ciel... En fait les gratte-ciels !

Frayeur. Les 3 buildings devant moi pendulent comme de simples antennes au vent. Déformation de la réflexion dans les vitres du plus proche et oscillation extrême (je pèse mes mots, ne trouvant pas commun qu'un building de 50 étages oscille) qui doit bien faire 2 m de débattement à chaque balancé. Plus en sécurité que sous l'esplanade de Shinjuku? Je ne sais plus. Mais je n'ai plus le choix que d'assister au spectacle. 5 minutes. Ca se calme peu à peu mais je ne sais si c'est vraiment fini. Il semble que mon cerveau ai emmagasiné l'onde de choc, j'ai l'impression de tanguer en continu. Les gens sont choqués, moi aussi. Je m'assois hagard sur un bac de fleurs. Difficile d'avoir des nouvelles de Fumi qui est au travail, le réseau téléphonique est saturé. Email d'elle, elle va bien, et semble une fois de plus avoir aimé les montagne russes (je ne la comprendrais jamais).

Je suis visible à la 2 min 32 s

Je me décide à partir en direction de l'Ouest pour contourner "l'esplanade". Je franchis un pont. Les rideaux roulant du hangars en dessous battent tout d'un coup dans un bruit assourdissant. Je mets du temps à comprendre, toujours incertain de ce qui bouge ou ne bouge pas. C'est une 2e réplique. Presque aussi forte que la première. De l'autre côté du pont c'est pire encore. Les building sont plus proches et semblent beaucoup plus menaçants. Je tente le tout pour le tout, repasse sous le pont en courant et reprends ma place en face du même précédent spectacle. Dans le building en face de moi qui balance a nouveau, j'aperçois (ou je rêve) des gens accrochés à ce qu'ils peuvent, les stores verticaux agités de soubresauts effrayants.

"Encore un! Ne prends surtout pas le métro !!!". Email de Fumi que je reçois quelques minutes après. Plus la force de bouger à vrai dire, j'ai trop peur, comme la majorité des gens autour de moi, égarés...

Une dernière vidéo, cette fois à Yokohama pour vous montrer ce qu'on ressent quand on est à l'intérieur d'un magasin tel que je l'était dans la librairie: